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Cela
fait longtemps que je cherche la forme la mieux adaptée pour une bande
dessinée qui regrouperait des condensés de vie, rêves,
micro-événements, biographies lapidaires, courts docu sociologiques,
poésies, fragments autobiographiques et micro-fictions rassemblés. Ce
type de recueil suggérerait le déroulement d'une pensée vagabonde.
Alors, voilà, ici, j'ai laissé venir les idées provenant de souvenirs,
d'observations, de rêveries debout, attendant de saisir l'occasion
d'une faille dans la réalité pour plonger dans cet interstice et rendre
visible, dévoiler, la poésie, l'absurde, le fantastique d'inéluctables
et cureiux destins. La narration est organisée selon des événements en
chaîne con-séquentiels ou elle use de feintes narratives, pour
renforcer l'effet de la chute absurde du récit, correspondant
volontairement à la chute réelle ou morale du personnage. J'ai donc
noté pendant un certain temps ces idées, j'en ai fait des phrases, je
les ai reprises maintes fois, les corrigeant encore et encore avant de
passer au dessin. Les dessins se sont libérés des cases, naviguant dans
la page parcourue d'assez larges espaces blancs s'équilibrant avec la
disposition des textes par contraste sobres ou économes. Je
me promène sur un chemin, je vois des choses qui traînent par terre,
j'en ramasse certaines, je fais un tri; j'ai fait de même avec les
idées et au bout du compte j'ai un chapelet d'histoires. Les
réunissant, de ce tout se dégage l'idée générale du livre, mais au
moment de ramasser ces idées, je n'avais qu'une faible conscience qu'il pourrait naître un sens de leur regroupement.
J'ai laissé mon esprit, une part de conscience agir à ma place, d'une
manière « automatique ». Au final le livre fait émerger
l'idée générale et me laisse entrevoir ce qui était ma motivation plus
ou moins consciente lors de la collecte. Au final, ce recueil
ressemble à une nature-morte, même s'il y est beaucoup question de
paysages mentaux ou réels. A une vanité, même, cette métaphore du temps
qui passe, où le temps
s'arrête un instant sur des objets rassemblés sur une table, où les
sens de perception sont tellement sollicités que surgit soudain
l'angoisse.
"Un délicieux recueil de poésie graphique. Bijoux ciselés sur une ou quelques pages, les Objets Trouvés deVanoli livrent un bel aperçu de son univers: large palette de textures jouant sur toutes les teintes du noir au blanc, influences du romantisme et de l’expressionnisme, mélancolie tempérée par des traits d’humour bien sentis. Mais le recueil de l’auteur, depuis 1989, de quelques 35 livres dont la majorité à L’Association (Le contrôleur de vérité, 1999; Contes de la désolation, 2002 et 2004; La clinique, 2009; L’œil de la nuit, 2012…), est aussi une merveille de poésie graphique. La première «nouvelle» donne le ton, qui concentre en rimes, sur trois pages, l’essentiel d’une action de contrebande. Contemplatif pour observer «le disque solaire, assiette de feu orgiaque et désespéré» et la chorégraphie des pattes d’un insecte figé dans son vol, espiègle lorsqu’il évoque la traque d’un lion qui se révèle être celui de saint Jérôme, échappé d’un tableau de Joachim Patinir, Vincent Vanoli navigue entre rêves, fantasmes et réalité. Il raconte l’histoire d’un homme qui, habitant à Saint-Jacques, au 15, rue de Monfort, et réalisant qu’il existe un 51, rue Saint-Jacques à Monfort, crée une association d’habitants d’adresses inversées. Il montre comment la nuit s’empare du jour à la manière d’une tache d’encre. Il retrace une expédition à la recherche d’une météorite qui ressemble à… une tête géante de Mickey. Il rêvasse sur les falaises d’Etretat. Parfois, il tire vers le haïku: «Je suis une ville/Tranquille/Silencieuse/Sans histoires." Fabrice Piault dans Livre-Hebdo, mai 2017
"Recueil original, Objets Trouvés est un excellent album de Vincent Vanoli publié aux éditions La Pastèque. Après le magnifique Rocco et la toison (L’Association), Vincent Vanoli propose des récits courts dans Objets trouvés, entre poésie, réalité et destins hors-norme.
De Mardochée – l’histoire d’un renard venu chercher le corps d’un
naufragé – à La guerre d’Alfredo (en Algérie) en passant par
L’association des adresses inversés, Philippe qui décide de partir loin pour fuir son collègue professeur, Tim Hardin créateur de la chanson « If I were a Carpenter », Les élèves oubliés qui forment une tribu dans le bois, Le secret ou l’histoire d’un enfant qui scrute le sol, ainsi que La traversée qui conte l’arrivée du recteur d’académie dans un collège; tout est bon pour raconter des histoires. Car, oui, Vincent Vanoli est un formidable conteur, subtil et précis comme dans ses précédentes publications. Ses récits (entre une et trois pages) bénéficient de son trait d’une grande élégance en noir et blanc. Parfois fouillé et parfois évanescent ou abstrait, son dessin charme le lecteur par sa beauté." Damien Canteau Dans Comixtrip, mai 2017
"La chose est venue me traquer... Publié
avec le concours du Conseil des arts du Canada. Je ne sais plus, après
avoir lu ce livre de Vanoli, si, je dois vous recommander, comme le
fit, Théodule Duchesne, de vous intéresser au cas des adresses
inversées. En tous cas voici une occasion de connaître Mardochée. Il y
a aussi un renard qui connaît tous les terriers de la lande, ce qui
n'est pas vraiment rassurant. Vanoli est incontestablement intéressé
par les Calligrammes d'Apollinaire, par la poésie de Prévert, et par le
Surréalisme. Pendant ce temps, deux enfants s'amusent à déplacer des
pierres. Si, vous n'avezjamais joué à cela, peut-être que vous n'avez
pas eu de véritable enfance. Au fait, saviez-vous qu'à la fin du XVIIe
siècle, aux Pays-Bas, Antoni Van Leeuwenhoek découvrit les
spermatozoïdes ? Si vous souhaitez rejoindre le camps des
hyperlucides quelque peu délirants, sans vous intégrer dans l'univers
des nouveaux-bobos macroniens, alors, cet ouvrage d'incitation à la
mise à distance de tout et de tous, est fait pour vous." Blog des arts, juin 2017
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