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Divisées la plupart du temps en deux cases rectangulaires et sans bulles, je voulais que les planches de bande dessinée de Giboulées,
avec le rythme et l'esthétique propres inspirés du cinéma muet, tentent
de plonger le lecteur dans l'espèce d'état second auquel ce premier
cinéma nous invite.
“Le conseiller BD d’Illiko à Kingersheim sort un album muet au style envoûtant à l’Association.
Vanoli inaugure la nouvelle collection format livre de
poche de l’Association : côtelette. Divisées la plupart du temps en deux
cases rectangulaires et sans bulles, les planches de Giboulées
évoquent, avec le rythme et le cadrage, un cinéma muet moderne. « Je
voulais qu’on puisse « lire » une histoire en images, sans même qu’il y
ait de texte dans des bulles ou des encarts. J’ai pris conscience de ce
rapport particulier dans une bande dessinée parue il ya quelque temps
chez Fréon éditions (Cimes de Vincent Fortemps) ou dans des films muets
comme Solitude de Paul Féjos » ; le style poétique de Vanoli s’affirme
encore dans cet histoire fantastique qui croise dans une polyphonie
silencieuse le drame réaliste, le mythe et le thriller (il a accouplé
malgré lui le réalisme poétique et David Lynch). Une merveille ! »
Fabien Texier dans Polystyrène de mai 2002.
“Vanoli’s Giboulées is a thick slice of
his dream like world. Vanoli has been turning out quality of work for
l’Association and other small publishers for years now, but he has never
really received his due. His comics are filled with dark images and
strange tales. His panels are lush but crowded –they have a real weight
to them that is sometimes oppressive. Still, few cartoonists are as able
to create as clear as strong a tone as Vanoli. Giboulées is about 200
pages in length, with each mute page divided horizontally in two panels.
The story is not the hallmark here. Each chapter takes some sort of
dreaming tone, following the misfortunes of our unnamed lead. The book
is propelled by two things: Vanoli’s very strong sense of pacing that
hurtles us forward through a series of dreams (dreams within dreams)
that never seem to end, and by the artist’s highly expressionistic
renderings. Vanoli has increasingly moved further away from traditional
strategies, focusing instead on figures that seem more spontaneous than
fully though. This gives the work an intuitive flavour that only
heightens the connections of the subconscious. If nothing seems real
here, it is because Vanoli invites us to celebrate our sense of unease
and unreality. The collection Côtelette has the potential to be a very
great book series but Giboulées is just a great book.”
dans le Comics Journal #25 de Fantagraphics,
pour la sélection de l’année 2002.
“Chaque nouvel ouvrage confirme la
pertinence du travail de Vincent Vanoli, tant sous la forme du récit que
sur les thématiques abordées. Le revoici dans un registre, où,
décidément, il excelle : le récit sans parole. Giboulées est une vraie
merveille d’histoire onirique où les personnages s’entrecroisent et se
passent le relais de la narration de loin en loin.
Vincent Vanoli est avant tout un auteur profondément engagé qui
choisit souvent ses personnages les plus basses classes sociales. Pour
le cas de Giboulées, sont mis en scène une vendeuse au statut précaire,
un facteur, des personnes du monde du cirque et des marginaux vivant
dans une cabane perdue au milieu d’un marais. Au-delà de ces scènes de
vie réalistes et touchantes, l’auteur plonge comme souvent son récit
dans l’onirisme avec le parcours d’un représentant en pharmacie –fil
conducteur du récit- dont la vie se trouve bouleversée par une série
d’événements incroyables : sa voiture se transforme en carrosse,
lui-même par la suite sera réduit à une taille lilliputienne par un
mystérieux docteur, c’est ensuite un magicien de cirque qui le fera tour
à tour apparaître sur un cheval, dans la cage d’un tigre, pour
finalement le perdre dans la nature. Des personnages manipulateurs,
souvent issus des classes aisées, tirent des ficelles dont le sens
profond nous échappe, l’injustice est la dure loi qui poursuit les
protagonistes principaux, les poussant les uns vers les autres, dans la
solidarité des exclus. On retrouve les thématiques d’un Pasolini, d’un
Tarkowski, accordant l’innocence et la grâce aux gens de peu de biens,
vivant en accord avec la laborieuse réalité : seules les personnes
simples n’ont pas l’âme corrompue semble le canevas moral de l’œuvre de
Vincent Vanoli.
Le livre est porté par la maestria graphique qu’on connait de
l’œuvre de l’auteur et son étonnante palette de gris texturés parsemée
de clins d’œil à la peinture de la première moitié du XXème siècle, Max
Beckmann en tête. Politique autant que poétique, Giboulées, à la suite
de l’Usine Electrique ou de la Comète affirme Vanoli comme l’un des plus
grands auteurs de la bande dessinée contemporaine, à la fois porteur
d’une œuvre décalée et subtile, profondément humaine et étonnamment
originale. La collection Côtelette de l’Association avec son format
original et le très beau papier intérieur met d’autant plus en valeur
cet ouvrage définitivement excellent. »
chronique de JP sur le jadeweb, 2002
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