| Terminée en août 2019, cette histoire muette est sortie en mars 2023.
Je reviens à un découpage de 2 cases par page, qui me semble
parfaitement adapté à la collection Côtelette de L'Association, pour laquelle
j'aurais finalement composé un tryptique
avec les titres Giboulées-Max et Charly- Les chevaux qui adoptent cette même forme de récit.
Une présentation sur le site d' Actualitté. Un point de vue de Christian Rosset sur le site Diacritik.
Une interview pour le Républicain Lorrain menée par Sébastien Bonetti:
"-Tu souhaitais proposer une expérience aux lecteurs?
-Oui, une doucle expérience. D'abord ça l'a été pour moi dans la mise en forme et le principe et ensuite pour le lecteur.
Je voulais d'abord vivre une expérience de dessin, avançant au jugé en
faisant des pauses, sentant les choses sans forcément tout planifier au
départ, l'équivalent d'une expérience onirique ou à mi-chemin entrte le
réel et le rêve où la trame s'actionne au fur et à mesure. ce sont
aussi les histoires que j'aime voir au cinéma ou lire parfois en roman
ou en bd.
-Pourquoi avoir choisi l'option de dessiner sans texte?
-Je venais de faire un livre de restitution d'une résidence près de
Périgueux et aussi une fiction pastiche d'une espèce de roman russe,
bref des choses avec pas mal de découpage en cases et de textes, alors,
comme j'aime bien varier les plaisirs, là je voulais revenir à plus de
liberté: 2 cases par pages, de l'espace et du silence ou plutôt le son
du vent, des vagues, la galop d'un cheval, le sable qui crisse et les
hautes herbes qui s'agitent dans le vent. Je voulais plus
particulièrement aussi ici quelque chose d'organique, de fluide, comme
das un vieux film muet où il s'agit d'une autre façon de voir, de
suivre une histoire et de la ressentir. Là il s'agit plus d'une
contemplation mais avec un léger mouvement en suivant ce personnage
principal. Et je considère moi aussi le fait de raconter une histoire
comme une balade, un cheminement.
-D'où vient ce personnage d'espèce de Mary Poppins?
-Elle sort d'un bateau échoué sur la plage, elle est venue comme ça:
une apparition. Quand je l'ai fait apparaître, je ne savais pas ce que
je pourrais en faire, mais l'apparition s'est imposée d'elle-même:
l'image d'une femme avec un petit chapeau avec une valise et un petit
parapluie, assez anachronique qui descend d'un navire échoué. Des fois,
on ne veut pas tout maîtriser, j'aime que les choses viennent à mon
insu, c'est pareil dans les rêves. C'est après que j'ai remarqué
qu'elle ressemblait à Mary Poppins, ce n'est pas exactement elle, mais
elle a sa légéreté, sa fantaisie, aussi son côté pragmatique.
- Que représentent les personnages mi-animaux, mi-êtres humains?
- Les hommes et les femmes mi-chevaux sont une espèce de concrétisation
des souvenirs liés au désir du vieil homme, car c'est ce qui apparaît
au fur et à mesure de l'histoire: celle-ci semble être le dernier rêve
d'un vieil homme qui fait réapparaître des éléments les plus marquants
dans ce qui a été sa vie. Ces être hybrides sont quasi mythologiques et
vont entrer en interaction avec la jeune femme. Ils sont en lien avec
la mythologie personnelle du vieil homme.
- Quel message as-tu voulu faire passer?
-J'avance dans mon histoire et j'attends de voir ce qui va surgir à mon
insu, je fais des pauses, je cherche les tenants et aboutissants dans
ce que j'ai dessiné sur les premières pages pour avancer comme ça et
finir par boucler une histoire que je voudrais voir fonctionner comme
une petite mécanique onirique. Cela peut être déstabilisant pour un
lecteur, on peut se dire: "il n'y a rien à lire", que ça se parcourt
vite, je ne vois pas les choses comme ça, je fais confiance à une
potentielle ouverture chez un lecteur, lectrice, aux choses
fantaisistes, ouvertes, libres, organiques, sensibles, par le biais
aussi des textures du dessin. Je voulais que ce soit une invitation à
une expérience. Le fait que s'impose finalement le scénario du dernier
rêve d'une vieil homme peut aussi poser cette question intriguante:
quel sera un jour (ou une nuit!) notre dernier rêve?"
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